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Eoldbeorth

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Message  Eoldbeorth Sam 28 Juil 2012 - 10:18

Allez, commençons par une petite présentation IRL:
Etienne, 27 ans, étudiant en Relations Internationales à Lyon. Je suis un globe trotter qui s'est un peu calmé mais qui ne rêve que de reprendre son sac à dos et ses chaussures de marche. J'ai vécu au Canada et en Nouvelle-Zélande, et je suis tombé amoureux de ce petit pays aux antipodes.
Je suis un grand fana de rugby (du coup n'espérez pas me voir les jours de matchs du Tournoi des 6 nations...) que j'ai pratiqué pendant pas mal de temps avant de mettre un terme à ma carrière internationale.
Evidemment j'aime aussi les MMO et je fais parti d'une des premières vagues de ces étranges personnes qui passent plus de temps en compagnie de leur ordinateur et d'amis imaginaires qu'avec le vrai monde. J'ai commencé en 1998 ou 99 avec "La 4ème Prophétie" sur Goa. C'est là dessus que j'ai découvert les joies du MMO ainsi que du RP sur plateforme vidéo-ludique. Il faut dire aussi que je suis rôliste papier depuis que j'ai 11 ans, donc le passage s'est fait assez naturellement. J'ai traîné mes groles sur pas mal de jeux-online: Ultima Online (meilleur MMO de tous les temps pour moi), serveurs privés NWN, Lineage 2, WoW et j'en oublie...
J'ai pour but un jour de dominer le monde et d'éradiquer les oreilles pointues de la surface de la terre (les paladins aussi mais ça c'est une autre histoire). Comme ça plus d'en... quiquineur, on pourra rester entre gens de bonne compagnie. Je milite pour l'ouverture de la classe de champion aux hobbits et un jour, quand je serai grand, je deviendrai Empereur du Monde. Tenez vous le pour dit.
Dans mes autres obligations, je suis, comme un certain nombre d'entre vous, psy/coach de Xen à temps partiel.
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Message  Eoldbeorth Sam 28 Juil 2012 - 10:18

La présentation RP, la même que sur ma candid...

Nom : Eoldbeorth dit « Cœur-de-tempête ». (Eolbeorth champion/Eoldbeorht capitaine)

Age : La trentaine.

Métier : Forgeron, compétent à la fois dans le domaine de la fabrication d'armes et d'armures. Fut autrefois conteur.

Aptitudes : Le combat sous bien des formes. Personnage plutôt charismatique.

Tempérament : Bien que son caractère tempétueux tende à être bridé, il n’est pas rare de le voir perdre son calme. Courageux et pragmatique : sans être suicidaire, il n’hésite pas à mettre sa vie en danger lorsqu’il juge que la situation l’exige.

Apparence : Eoldbeorth est un jeune homme grand et puissamment bâti. Sans être un géant, il domine de sa taille bon nombre d’hommes. Ses larges épaules disparaissent sous une abondante chevelure blonde. Comme un grand nombre de cavalier, il porte un certain nombre de petites tresses au niveau des tempes et de la nuque qui se perdent au milieu de la masse de ses cheveux (il les noue entre elles lors des batailles dans l’espoir, peut-être désuet, de faire dévier toute lame qui passerait la protection de son casque).
Son nez brisé, hérité d'une lointaine bataille, renforce son allure martiale. Une longue cicatrice, séquelle d'un coup d'épée, barre son œil, heureusement intact, du front jusqu'à la joue. A la manière des nomades, ses oreilles s’ornent d’anneaux de différentes tailles et métal et il n’est pas rare de le voir en détacher une pour payer ce qu’il doit. Ceux-ci s’amoncèlent ou disparaissent en fonction des caprices du destin.
Ses yeux semblent un puits de tristesse sans fond, mais il n’est pas rare, au plus fort des combats, d’y voir jaillir une étincelle de folie. Il émane de lui une impression de fureur contrôlée.

Psychologie : Semble vouloir à tout prix se racheter une conduite. Il est volontaire mais parfois mal avisé. Il n’hésite pas à montrer l’exemple quand le besoin s’en fait sentir. Loyal envers ses amis et ses serments, mais rancunier. Souvent maussade et taciturne il se montre pourtant un agréable compagnon d’infortune.

Malgré le gant de cuir qui recouvrait ma main, je pouvais sentir les rainures du bois de la lance que l’on m’avait confiée. L’excitation commençait à monter ; je portais sans gêne le lourd haubert que j’avais revêtu. Ma respiration, tout comme celle de mon monture, était courte. Sa belle robe grise reflétait légèrement les rayons du soleil de ce chaud après-midi, sa queue et sa crinière tintaient des grelots que j’avais accrochés à l’extrémité des nattes que j’y avais tressées.
Elle était aussi nerveuse que moi, faisant de petits pas sur place, se cabrant légèrement, pas suffisamment pour me désarçonner cependant. J’attendais le signal, comme les autres. Mon frère ainé à ma droite, mon cousin sur ma gauche. Je n’avais pas besoin de les voir pour savoir que deux autres de mes frères et quatre de mes cousins se trouvaient aussi dans l’alignement, tout comme une quinzaine d’autres enfants du Rohan. La tension était palpable, un silence de mort s’était abattu sur la plaine qui nous faisait face. Seul un oiseau gazouillait tranquillement, ignorant de ce qui allait se passer sous ses yeux.
Enfin, un cri déchira le silence, et tous, comme un seul homme, nous enfonçâmes les flancs de nos fières montures qui s’élancèrent dans un fracas de tonnerre. Je pouvais ressentir le choc des sabots heurtant le sol dans l’ensemble de mon corps ; une sensation tout à la fois désagréable et exaltante. Instinctivement, comme si j’avais fait cela des centaines de fois, je levai ma lance haut au dessus de ma tête et la projetait avec une rage qui m’était inconnue. J’entendis le projectile siffler alors qu’il fendait le vent. A mes côtes, mes compagnons avaient fait de même. Certains manquèrent leurs cibles. Pas moi ; ce qui m’emplit d’une fierté légitime.
Mon opposant était toujours debout malgré le coup potentiellement mortel que je venais de lui infliger. Sans que je m’en rende compte, mon épée avait jailli de son fourreau et je la tenais bras tendu vers l’avant, tandis que je hurlais, le visage déformé par un rictus guerrier. Ce fût ma monture qui percuta l’ennemi en premier, le projetant à terre. D’un moulinet de l’épaule, je lui infligeai un méchant coup du tranchant de ma lame, du bas vers le haut avant qu’il n’ait eu le temps de toucher le sol.
Je tirai vers moi la bride ce qui eut pour effet de faire, à la fois, ralentir mon cheval et se retourner. Je vis que la plupart des mannequins d’entrainement étaient dans un piètre état. Certains, comme le mien gisait au sol. D’autres arborait de terribles estafilades. Deux cependant étaient intactes et ceux qui auraient dû les mettre à bas étaient déjà entrain de subir les foudres de notre instructeur.
Je n’avais que 12 ans et les armes étaient déjà mon obsession. Combien de loups, de brigands, d’orcs ou même de dragons imaginaires j’avais déjà pourfendu à l’aide d’un simple bout de bois ? Combien de belles elfes de la Lórien avais-je déjà secouru au péril de ma vie dans mes rêves d’enfants ? Je ne saurai le dire…

Ce n’est que quelques années plus tard, alors que de la barbe commençait à peine à recouvrir mon menton que je vécu ma première bataille. J’avais rejoins, avec ma mère, trois sœurs et deux frères un convoi de réfugiés fuyants les massacres perpétrés sur nos terres par les esclaves du Seigneur Sombre. Le reste de ma nombreuse famille avait péri ou disparu et nous tentions de rejoindre Edoras pour nous mettre sous la protection du Roi. Mais l’ennemi marchait sur nos talons et bientôt notre groupe serait à la merci de nos poursuivants.
Lorsque des volontaires furent demandés pour constituer une arrière garde devant permettre aux non-combattants de gagner du temps, je fus l’un des premiers à me proposer ; ce qui arracha des sanglots à ma mère et à mes deux sœurs. Mes frères eux, décidèrent de me suivre. Tout comme à moi, mon père leur avait interdit de rejoindre les rangs de la milice qui défendit nos élevages lorsque la menace se présenta. Il partit seulement avec les deux aînés ; nous ne les revirent jamais.
Finalement une troupe d’une petite trentaine d’hommes fut réunie. Malgré le danger, je rayonnais, j’allais enfin connaitre le gout de la guerre. Si seulement j’avais su… Lorsque nous aperçûmes nos ennemis à l’autre bout de la plaine, une excitation comme celle que j’avais connue enfant m’envahit. Je m’imaginai déjà auréolé de gloire, empanaché d’héroïsme taillant en de furieux moulinets la vermine verdâtre qui nous faisait front. La réalité fût bien différente.
L’impact de la charge me réveilla. Ma monture était à peine rentrée dans les rangs de l’ennemi que déjà mon corps entier hurlait de douleur. Sans que je comprenne comment je me retrouvai le nez brisé dans la fange. Je me relevai hagard, ne comprenant rien ce qui se passait autour de moi, observant l’horreur de la bataille, sentant l’odeur du sang, de la boue et des fluides corporels en tous genre que les acteurs de cette macabre comédie déversaient à leur mort. Le fracas des armes, les bris d’os et les hurlements me submergeaient.
Ce fut la lance qu’un orc planta dans mon épaule droite qui me fit enfin reprendre prise sur la réalité. Mes poumons se vidèrent d’un coup alors que je poussais un hurlement de souffrance. J’agrippai alors mon épée pendant que mon adversaire faisait de même. Je parvins difficilement à dévier son coup, mais le choc fit vibrer la garde de ma lame dans ma main et je lâchais prise. Un nouveau coup s’abattit en plein sur ma tête. La douleur fut terrible et la vue de mon œil fut brouillée par le sang. Je pouvais sentir que le coup avait fendu la partie frontale de mon casque et avait taillé l’estafilade que j’arbore aujourd’hui sur le visage. Le coup aurait du me tuer… mais ce n’était visiblement pas mon heure. Mon assaillant avait reçu une lance dans le dos au moment ou il me porta son coup. Il était déjà mort lorsque sa lame me toucha ; c’est ce qui me sauva.
A partir de là les événements se mélangent dans mon esprit. Ce fut comme si je ne contrôlais plus rien. Une folie guerrière m’envahit et mes actes étaient seulement guidés par un instinct de conservation mêlé d’une folle envie de détruire et de tuer. Je me revoie assénant de puissant coup de casque, le premier objet qui s’était trouvé sous ma main, à un gobelin, réduisant son crâne en bouillie. Dans le maelström furieux de la bataille, alors que je perdais tout repaire, une chose devint tout à fait claire pourtant : j’étais fait pour la bataille…
Je ne sais pas si il y eu d’autres survivants que moi, je sais seulement que j’attrapai un cheval et me hissait difficilement en selle. L’épuisement me rattrapa bien vite et, malgré mes blessures qui me faisaient terriblement souffrir, je sombrai dans un état à mi-chemin entre le sommeil et l’inconscience. Par chance les pas de ma monture croisèrent ceux de braves gens qui me soignèrent et me nourrir le temps de ma convalescence.

Depuis ce jour j’ai connu bon nombres de combats et de batailles. J’ai bien vite compris que je ne m’y ferais jamais… Les odeurs et les bruits me révulsent toujours, les chocs font toujours trembler mon être comme la première fois… Mais aujourd’hui j’arrive à réprimer ce haut-le-cœur. Oh, pas toujours, parfois encore il arrive que mon estomac se vide à l’issue d’une bataille… Mais il est clair que la Voie des Armes est celle qui m’est destinée. Mon âme et mon bras sont les seuls choses que je peux opposer à l’Ennemi.
Mais n’allez surtout pas croire pour autant que je ne suis rien d’autre qu’une machine de guerre dont la Mort est la seule compagne, avide de gloire et de renommée. La vie est chose bien plus importante encore et je me fais le porteur des histoires et des contes de mon peuple, le garant d’une culture. Je suis tout à la fois guerrier et conteur. Je suis scalde !

« C’est de cette façon, avec emphase et tournures ampoulées, que je me serais présenté à vous, si j’étais venu à vous une année auparavant… Mais cet homme là s’est évanoui. Il faut croire qu’il a disparu, emporté par des torrents de larmes et d’alcool. Car voyez-vous, j’ai été maudit. Maudit par cette chose qu’ils sont nombreux a chercher sachant qu’elle les conduira à leur perte… Trahi par mon cœur qui s’épris follement d’une frivole créature. » Il poussa un long soupir.
« La chose à de quoi faire sourire n’est-ce pas ? Le puissant guerrier vaincu par la frêle jouvencelle. Le poète est mort avec lui. C’est en découvrant mon reflet au fond d’une choppe que je me suis rendu compte que la mélancolie tout autant que les litres de bière que j’ingurgitais alors quotidiennement m’avait transformé en épave. Plus rien ne subsistait du peu de gloire, et de possession, que j’avais acquis. J’avais tout perdu… ou plutôt, je m’étais moi-même dépossédé de tout. Il me restait cependant cette carcasse… plutôt solide, et une folle envie de faire de ma vie quelque chose d’utile. »
« C’est la raison qui me pousse, humblement, à venir vous trouver. Je ne manie peut-être plus aussi bien qu’autrefois la lance ou la lame. Mais je sais toujours par quel bout les tenir. Je ne sais peut-être plus guider un cheval aussi bien que je le faisais par le passé, mais je sais encore tenir la ligne et résister au choc. Je n’ai peut-être plus la hargne et la rage qui me caractérisaient par le passé, mais j’ai aujourd’hui l’expérience et l’enthousiasme. »

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Message  Eoldbeorth Sam 28 Juil 2012 - 10:20

Des petits bouts de RP que j'avais écris y a quelques temps...


Il peut paraitre étrange et présomptueux de rédiger ses mémoires alors que nous n'avons rien réalisé encore d'extraordinaire dans la vie... Mais je ne laisse pas ce souvenir ici pour qu'il passe à la postérité, seulement pour le protéger des ravages du temps qui petit à petit grignote des détails.


On m'avait bien souvent bien de cette jeune femme. Ses compositions, étaient, parait-il, remarquables; capables de tirer les larmes des nains les plus impassibles. Même si cette dernière affirmation me semble, même aujourd'hui, exagérée, il est certain que cette jeune personne avait un talent remarquable! Ce n'était pas, disait-on, seulement son habilité à la harpe mais aussi et surtout le son de sa voix qui déclenchait des émotions insoupçonnables.
Je m'étais donc rendu ce soir là dans cette auberge, dont j'ai depuis oublié le nom, où la jeune femme se produisait chaque nuits. Bien entendu j'étais loin d'être le seul, de nombreux badauds, fermiers pour la plupart, avaient déjà pris la place d'assaut. Je fus obligé de jouer des coudes pour me frayer un chemin jusqu'au comptoir. Heureusement ma carrure alliée, à mon air patibulaire et aux épées pendues à ma ceinture, me permit de ne recevoir que quelques regards courroucés dont, je dois bien le confesser, je n'avais cure...

"Holà tavernier,tonnais-je de ma voix la plus intimidante afin qu'il se précipite à mon service malgré la foule.Donne moi une bouteille de vin!"
Alors que l'hôte s'empressait de m'apporter le breuvage commandé, je commençais à prendre mes aises, écartant sans ménagement les personnes qui gênaient mon champ de vision, désignant les lames que j'arborai aux plus mécontent. Après ces quelques lignes il me parait important de faire une remarque; il doit vous sembler à la lecture de cette introduction que je ne suis qu'un rustre, violent et agressif... Certes cela arrive parfois, mais je suis plus généralement d'un naturel, si ce n'est calme, du moins enjoué. Mais ce soir là je voulais pouvoir profiter du spectacle sans être bousculé ou abordé par n'importe qui. Le rôle de barbare impulsif m'en préservait; mais il est évident que je n'aurai embroché personne si j'avais, par malchance, rencontré une forte tête...
J'étais donc parvenu à libérer un certain espace autour de moi; le spectacle pouvait commencé je n'en manquerai pas un bout! Il fallu encore quelques minutes avant que le tavernier ne fasse tinter une lourde cloche pour réclamer le silence. Mais même si celle-ci fit taire la majeure partie de l'auditoire quelques groupes épars continuaient toujours à deviser.

"Faut-il que je m'occupe de faire taire ces messieurs moi-même ou nous feront-ils l'honneur de mettre fin à leurs palabres d'eux-même?" aboyai-je avec la même voix.
Aujourd'hui encore je ris lorsque je repense aux regards effrayés qu'ils m'adressèrent en comprenant que je m'adressais à eux. Pourtant, je le jure, ils ne risquaient rien de moi... Cependant mon intervention m'attira quelques sympathies du côté de ceux qui voulaient entendre la performance de la jeune femme. Le silence était donc total lorsque le propriétaire des lieux annonça l'artiste:

"Mesdames et messieurs, je suis heureux de vous présenter, une fois de plus, cette jeune barde venue de terres lointaines où les mots ne sont que poésies, les bruits: mélodies... Mesdames et Messieurs voici... Espoir!"


Une lourde rumeur se propagea et bientôt des râles rauques et des acclamations à faire blêmir la plus impudique des filles de joie s’élevèrent dans la foule. Une petite silhouette, souple et fine, monta sur l'estrade. C’était une splendide jeune femme, a peine âgée de 17 ou 18 printemps, elle avait le corps d’une Déesse et le maintien d’une Reine de sang. Ses cheveux d’un blanc immaculé tranchaient avec sa peau ambrée délicieusement rosie par la chaleur qui se dégageait de l'âtre tout proche. Son étincelant panache couvrait son visage qu’elle tenait baissé. Elle serrait, comme on porte un enfant dans ses bras, une harpe de bois finement ciselé.
Espoir. Nom prétentieux et sot pour une belle demoiselle des salons, nom grotesque pour une fille aux mains calleuses ou pour une tante dont la voix chevrote, nom ravissant pour celle qui peuvent l’enlacer, comme une fleur de plus, à leur diadème de chère poésie. Les noms sont comme les parures, qui écrasent les unes et que les autres rehaussent.*
Une fois de plus l'envie me vint de donner la voix pour faire taire l'assistance; mais j'étais tout bonnement subjugué par cette femme... cette enfant! Oh bien sûr, je n'étais alors, et ne le suis toujours pas, bien plus vieux qu'elle, mais ses traits avaient encore une fraicheur toute juvénile qui m'avait quitté il y a bien longtemps. Ce n'était pas seulement sa beauté qui m'éblouissait, mais surtout cette... aura, ce charme qui émanait de sa personne - en des termes moins noble, et comme l'on dit par chez moi, elle avait du chien! Elle dégageait un impression de tristesse sans limite, mais aussi de douceur infinie. A cet instant j'aurai donné n'importe quoi, pour sentir son corps contre le mien, pour sentir ses lèvres sur ma peau, pour passer ma main dans sa crinière...
Elle s'assit sur le rebord de l'estrade, les pieds croisés ballant dans le vide; une sorte d'oiseau de paradis posé sur son perchoir. Elle cala l'instrument contre son sein tandis qu'elle passait ses doigts fins sur chacune des cordes pour en juger la sonorité. Elle n'avait toujours pas relevé la tête et je n'avais donc pas encore pu apercevoir son visage et je me surpris à trépigner sur place en faisant des gestes de la tête à son attention. Le silence se fit peu à peu mais quelques paroles et rires gras étaient encore échangés lorsqu'elle commença à jouer.
Elle releva enfin la tête et passa la main dans sa chevelure afin de placer une mèche derrière son oreille dévoilant ainsi ses yeux qui, loin d'être jumeaux étaient frères ennemis: l’un était d’un bleu azuréen, l’autre semblable à l’émeraude. Je ne peux a l'heure d'aujourd'hui qu'imaginer l'air ahuri qui se composa sur mon visage, la seule chose dont je suis sûr, c'est que ma mâchoire se décrocha comme sous l'effet d'un choc.
Durant de longues minutes ses mains coururent sur l’instrument, me rappelant les chevaux de mon enfance galopant dans les vertes plaines de la Marche, laissant échapper une triste mélopée. La salle était muette et admirative. Jamais je n'aurai pût imaginer cette sordide assistance rester coite devant tant de suavité et de souffrance. L’échoppe était pleine à craquer, les spectateurs se bousculaient à l’entrée, les fenêtres ne laissaient plus voir que les sinistres ombres des passants agglutinés.
Faiblement d’abord, puis avec de plus en plus d’intensité une voix caressante s’échappa de sa bouche. Elle contait dans la langue de son peuple l’histoire déchirante d’une jeune fille, contrainte à l'exil par les forces de l'Ennemi qui rasèrent son village et firent connaitre milles tourments aux siens. Son chant était d’une pureté cristalline; à faire frémir le cœur des Dieux eux-mêmes. Soudain tout me parut clair... elle ne chantait pas l'histoire d'une autre, elle chantait la sienne, mais en même temps celle de bien des hommes... Moi notamment.


Pendant que ses mains frôlaient les cordes de sa harpe et que sa voix hypnotisait la foule, une larme unique s’échappa de son œil couleur de ciel pour venir mourir au coin de ses lèvres…



___________________________________________________________________________________________________________________
*Je tiens à préciser que j'ai emprunté ce passage à Paul Féval dans "Le Bossu" en remplaçant seulement le nom d'Aurore par Espoir!
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